Le projet ExploraGyre
ExploraGyre, c’est un projet tourné vers les défis de demain porté par quatre élèves de l’École Normale Supérieure, un élève de l'Institut National des Sciences Appliquées de Lyon et un de Grenoble INP - Ensimag. Nos champs d’activité couvrent la Biologie, l’Écologie, ainsi que la Physique et l'Informatique, quatre disciplines complémentaires pour mener à bien nos recherches dans cette quête contre la pollution plastique qui s’ouvre devant nous.
Chaque année, on estime que 12.7 millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans [1], et cette tendance n’est pas nouvelle. A la fin du siècle dernier, on s’alarmait sur la découverte d’un continent de plastique dans le Pacifique. Puis, c’était au tour de l’Atlantique Nord de dévoiler son continent de plastique. « Continent de plastique », en voilà une expression presque trop belle, qui voudrait faire croire à un phénomène localisé, alors que celui-ci touche toutes les mers du monde [2], qui voudrait faire croire à une entité stable alors que l’on ne comprend pas bien la dynamique de cette masse [3], et enfin qui voudrait déconnecter notre pollution du monde marin alors qu’elle touche tous les organismes marins [4].
D’ailleurs cette expression est tout à fait usurpée, il s’agit plus d’un bouillon de plastiques qui se concentre au gré des courants. En Atlantique Nord, le gyre concentre des quantités gigantesques de plastique en son centre, comme illustré ci-contre ([5]).
Face à cette crise environnementale, l’enjeu est énorme. En effet, celle-ci s’ajoute à une crise de la biosphère mondiale déjà présente [6], une surexploitation des océans [7], posant des problèmes sociétaux tant à la fois économiques [8] que de santé publique [9], entre autres. Conscients de tout cela, nous souhaitons apporter notre contribution au monde que nous laisserons demain à nos enfants. Le projet s’articule autour des questions biologiques : en effet, comprendre comment les organismes répondent à la pollution plastique est la base pour prédire et anticiper les changements du monde marin qui s’opèrent.
Notre expédition est soutenue par une motivation et une rigueur scientifique solide, une énergie débordante et la volonté de faire la différence. Nous savons que rien n'est encore joué. Nous ne partons pas pour dresser le bilan d’un monde perdu, celui de l’océan propre et en bonne santé, comme il ne cesse d’être fait, mais affronter cet enjeu environnemental.
Les boites rouges correspondent aux zones d’accumulation du plastique. Le projet Exploragyre dans l’Atlantique Nord cible une des régions les plus polluées en plastique de la planète. [2]
Abondance empirique du plastique dans l’océan, selon sa taille. Les microplastiques (classe du milieu) sont les plus abondants, et bien que difficiles à discerner, sont très nocifs. [2]
Crédit : K. L. Law et al. [5]
[1] J. R. Jambeck et al., « Plastic waste inputs from land into the ocean », Science, vol. 347, no 6223, p. 768‑771, févr. 2015.
[2] A. Cózar et al., « Plastic debris in the open ocean », Proc. Natl. Acad. Sci., vol. 111, no 28, p. 10239‑10244, juill. 2014.
[3] M. Eriksen et al., « Plastic Pollution in the World’s Oceans: More than 5 Trillion Plastic Pieces Weighing over 250,000 Tons Afloat at Sea », PLOS ONE, vol. 9, no 12, p. e111913, déc 2014.
[4] S. C. Gall et R. C. Thompson, « The impact of debris on marine life », Mar. Pollut. Bull., vol. 92, no 1–2, p. 170‑179, mars 2015.
[5] K. L. Law et al., « Plastic Accumulation in the North Atlantic Subtropical Gyre », Science, vol. 329, no 5996, p. 1185‑1188, sept. 2010.
[6] E. A. Hadly, « Ecology: Getting the word out on biosphere crisis », Nature, vol. 497, no 7451, p. 565‑565, mai 2013.
[7] B. Worm et al., « Impacts of Biodiversity Loss on Ocean Ecosystem Services », Science, vol. 314, no 5800, p. 787‑790, nov. 2006.
[8] « WEF_The_New_Plastics_Economy.pdf ». .
[9] D. de A. Miranda et G. F. de Carvalho-Souza, « Are we eating plastic-ingesting fish? », Mar. Pollut. Bull., vol. 103, no 1–2, p. 109‑114, févr. 2016.
L'ingestion des plastiques par les Poissons
Les poissons représentent un enjeu majeur dans notre societe, étant à la fois une ressource économique importante et des acteurs indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes marins. Peu etudiée, la menace plastique pèse fortement sur eux. En effet, les etudes en laboratoire montrent des effets très inquiétants de l’intoxication aux plastiques sur les poisons. Dans le même temps, les observation d’ingestion se multiplient. Ce phenomène reste pourtant aujourd’hui mal connu, et sera une des missions du projet Exploragyre.